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Disparition de l’architecte Ricardo Bofill

L’architecte espagnol Ricardo Bofill, érigé au rang de star et souvent critiqué, est décédé à l’âge de 82 ans. Durant sa carrière, il a signé des centaines de réalisations à travers le monde et notamment en France (à Montpellier, Cergy, Paris, etc.), avec pour obsession de mettre l’être humain au centre de l’espace. « L’architecture est la victoire de l’homme sur l’irrationnel », aimait-il à dire.

Ricardo Bofill entre en 1957 à l’École d’architecture de la ville de Barcelone, d’où il est exclu pour militantisme anti-franquiste, avant de poursuivre ses études à Genève, en Suisse. De retour en Espagne, il fait partie avec d’autres jeunes intellectuels (architectes, ingénieurs, écrivains, cinéastes, sociologues et philosophes, etc.) d’un groupe baptisé la « Gauche divine » et crée en 1963 son atelier d’architecture, le « Ricardo Bofill Taller de Arquitectura », installé dans une ancienne cimenterie de la périphérie de Barcelone. Avec par la suite des antennes à Paris, Montpellier, New York, Tokyo, Chicago ou Pékin, il a signé plus de 1 000 projets qualifiés de « post-modernes » dans le monde entier.
Parmi ceux-ci, on peut citer l’aéroport de Barcelone, le Théâtre national de Catalogne, le Palais des Congrès à Madrid ou les gratte-ciel Donnelley et Dearborn à Chicago.
En France, l’architecte a signé de grands ensembles d’habitat social, comme les Espaces d’Abraxas à Noisy-le-Grand ou le quartier Antigone à Montpellier. Son écriture : « un langage classique hautement monumental à une échelle jamais vue auparavant », explique Douglas Murphy dans son livre Ricardo Bofill: Visions of Architecture. Une architecture inspirée d’Andréa Palladio, de la Renaissance, ou encore des architectes français des XVIIe et XVIIIe siècles François Mansart et Claude-Nicolas Ledoux.

« Je crois savoir faire deux choses : (…) concevoir des villes (…) et tenter d’inventer des langages architectoniques différents et ne jamais les répéter », soulignait-il en juin dernier lors d’une conférence à Barcelone. Avec un pari en filigrane : créer des quartiers en mêlant les fonctions, en défendant la continuité urbaine, la rue, la place comme des lieux de vie sociale, à une époque où les villes faisaient largement place à la voiture et aux centres commerciaux.

 

Photo : à la Une : le quartier Antigone à Montpellier © Adobe Stock ; portrait : © Bernabé Cordón / EL MUNDO