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« Le build-to-rent (BTR) est un concept anglo-saxon plus large que le coliving »

Urban Campus développe depuis 2016 le segment du build-to-rent en France et en Espagne, un modèle de résidentiel géré venu tout droit des pays anglo-saxons. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Échanges avec Maxime Armand, cofondateur et directeur des opérations d’Urban Campus, sur le sujet.

 

in interiors : Tout d’abord, pouvez-vous présenter Urban Campus ?

Maxime Armand : Avec John Van Oost et Ana Martinez, nous avons cofondé Urban Campus en 2016, opérateur de résidentiel géré en France et en Espagne proposant des offres de coliving et de build-to-rent à destination de famille. Nous dédions notre activité à la conception d’immeubles résidentiels et à leur gestion complète. Ces immeubles peuvent prendre plusieurs formes, mais tous ont la particularité d’offrir à leurs locataires des espaces communs partagés avec les autres locataires. Ils peuvent se rencontrer autour d’activités organisées par eux ou par nos équipes. Nous exerçons ce métier de conception et de gestion de la vie locative d’immeubles résidentiels qui sont la propriété d’investisseurs institutionnels.

 

ii : Qu’est-ce que le « build-to-rent » précisément ?

MA : Le build-to-rent (ou BTR) est un concept anglo-saxon plus large que le coliving, car il englobe le résidentiel géré. Il se différencie du « build-to-sale » qui correspond à la vente à la découpe traditionnelle. Avec le BTR, un investisseur unique achète un immeuble dans son intégralité destiné à la location (avec des baux traditionnels) et le confie à un gestionnaire professionnel comme Urban Campus. Le BTR met à disposition des locataires des espaces privatifs qui peuvent aller de la chambre en colocation au T1, T2, etc., et met à disposition un éventail de services qui va être plus ou moins large en fonction de la cible. À l’intérieur de la famille du BTR, nous allons retrouver un modèle de location à destination des familles, mais aussi le coliving qui est un produit destiné à être loué, selon nous, plutôt à des jeunes actifs, seuls, en couple, sans enfants.

 

ii : Qu’est-ce qui différencie encore le build-to-rent à destination des familles du coliving selon vous ?

MA : Dans le cas du coliving, le loyer inclut tout : charges, internet, ménage, etc. Dans le build-to-rent, plus largement, les appartements ne sont pas toujours meublés, l’offre servicielle propose plus d’options telles que la fourniture de draps, des cours de sport, une assurance… Les espaces communs peuvent abriter un espace de travail, une cuisine-salon commune, une salle de fitness, une salle de jeux… Ce qui est intéressant si l’on compare les modèles anglo-saxon et français, c’est que dans un cas, les espaces communs doivent être réservés et sont payants tandis que dans l’autre, l’extension de l’espace privatif reste accessible aux locataires tout le temps et sans réservation ni paiement supplémentaire. Ils deviennent une extension du privatif.

 

ii : Quels sont les avantages du build-to-rent ?

MA : Nos équipes internes d’architectes cherchent à maximiser la qualité d’usage de chaque appartement, car notre intérêt est que le locataire y reste le plus longtemps possible. Ce sont des appartements prêts à vivre (cuisine équipée, par exemple). Certains services sont inclus et d’autres optionnels, mais dans tous les cas ils simplifient la vie quotidienne des locataires. Comme bénéficier de nos équipes de ménage, disposer d’une équipe de maintenant pour les réparations, etc. Enfin, la vie collective. Le build-to-rent permet de retrouver ce vivre-ensemble perdu dans les villes où finalement on ne connaît plus son voisin et aussi de s’entraider. Chez Urban Campus, des équipes ont pour rôle de déterminer ce qui pourrait intéresser les locataires, de connaître leurs centres d’intérêt, de les mettre en relation, d’organiser des événements, d’animer les immeubles pour y créer cette vie de village.

 

Le résidentiel géré en France est une notion assez nouvelle et a démarré sur le modèle coliving focalisé sur les jeunes actifs. Nous nous rendons bien compte que le besoin exprimé de simplicité de services, de communauté est partagé par un plus grand nombre. Nous avons chez Urban Campus cette conviction que l’on peut créer un produit résidentiel pour le plus grand nombre qui va venir apporter ces mêmes avantages. C’est quelque chose de nouveau.

 

 

ii : Quels sont les projets en « build-to-rent » dans les cartons d’Urban Campus en France ?

MA : Nous développons avec Nexity (promoteur) pour le compte d’un fonds géré par Swiss Life Asset Managers France (investisseur) un immeuble à Saint-Louis, en Alsace, une ville où la tension locative est importante du fait de la proximité de la ville de Bâle, en Suisse. Le projet prévoit 106 logements du T2 au T5 ainsi qu’une salle de sport, un espace de vie multifonction (pour travailler, recevoir, fêter un anniversaire, etc.), une grande terrasse, une buanderie et une chambre d’ami qui peut être louée par les locataires.

Deux autres projets sont en cours de construction, un à Massy, l’autre à Marseille toujours avec Nexity, mais avec Primonial pour investisseur. Massy se caractérise par 100 logements, du T1 au T5, un grand rooftop partagé. Marseille par 75 logements du T1 au T5 avec un mix d’espaces communs et d’espaces privatifs. Nous travaillons actuellement avec d’autres partenaires investisseurs autour d’un programme d’investissement plus « industriel » de plusieurs centaines de millions d’euros de manière à répliquer ce modèle-là en France et en Espagne.

 

ii : quelles sont vos ambitions dans le contexte de marché actuel ?

MA : Aujourd’hui nous avons ouvert dix résidences, neuf en Espagne et une en France – une offre de coliving à Lille proposant des T1 et T2 et des espaces communs à destination des célibataires, couples, sans enfants, avec du tout inclus. Huit nouvelles résidences sont en cours de construction et vont ouvrir dans les deux prochaines années. Nous visons la gestion d’une trentaine de résidences d’ici 2026.

 

Photo : Un appartement dans une résidence de coliving, à Lille, conçue et gérée par Urban Campus. © Urban Campus