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Parking, cafét’, salles de réunion : quand l’entreprise partage (presque) tout avec les habitants du quartier

Photo à la Une : 52 Champs-Élysées – © Altarea Cogedim

Assister à une conférence dans un auditorium habituellement réservé aux grandes annonces du patron ou siroter un cocktail sur le rooftop d’une entreprise du CAC40 : autant de situations improbables qui deviennent bien réelles. François Desgardin, secrétaire général de Nexity, vous explique pourquoi.

Garer sa voiture dans le parking privé d’une entreprise, assister à une conférence dans un auditorium habituellement réservé aux grandes annonces du patron, se promener dans les allées arborées du siège social d’une multinationale ou siroter un cocktail sur le rooftop d’une entreprise du CAC40 : autant de situations improbables qui deviennent bien réelles. L’immobilier tertiaire fait sa mue, et les bureaux s’ouvrent sur l’extérieur.

L’économie du partage, qui s’est développée un peu partout, fait son arrivée dans le monde des bureaux. D’abord parce que, en partageant l’espace, on le rentabilise et on accroît la valeur de l’immeuble. Mais il y a aussi d’autres tendances qui viennent expliquer cette transformation. Il s’agit d’un facteur d’attractivité pour les salariés, qui exigent désormais de travailler dans des quartiers mixtes et vivants. Enfin, il y a une évolution politique : les pouvoirs publics demandent désormais aux projets de bureaux, de façon de plus en plus pressante, d’intégrer dès leur conception des espaces et services partagés au profit des riverains – les bureaux ne peuvent plus faire leur vie de leur côté.

Rentabiliser les espaces

À l’affût des ressources à sa disposition, l’entreprise fait de ses bureaux un véritable actif financier et anticipe, dès la phase de conception, des usages qui vont au-delà au-delà de sa mission traditionnelle d’accueil des employés. C’est le cas de l’immeuble #Cloud, en plein cœur de Paris. Siège de Facebook et BlablaCar, il propose également des espaces privatifs à la location — un auditorium de près de 200 places, des salles de réunions dernière génération — permettant de minimiser les plages horaires de vacance. « Avec #cloud.paris, nous avons voulu créer des espaces qui se transforment et s’adaptent aux modes de travail de ses occupants », dit Dimitri Boulte, directeur général délégué chez SFL (Société Foncière Lyonnaise). De là à transformer un auditorium le jour en salle de cinéma de quartier le soir ?

On n’en est peut-être pas si loin. Les parkings d’entreprise, par nature pleins aux horaires de bureaux, se vident une fois la journée de travail terminée. Une hérésie dans les quartiers de centre-ville, où les places manquent. De plus en plus d’entreprises ouvrent donc leurs parkings aux habitants du quartier, leur permettant de diversifier leurs revenus tout en devenant un acteur de la vie locale. Des sociétés — comme Zenpark ou Yes Park ! — s’occupent de commercialiser ces places libres, et en partagent les profits.

#cloud.factory – © SFL

Séduire ses usagers

Les attentes en matière de service et de confort des salariés ne s’arrêtent pas aux portes des bureaux. Les salariés exigent désormais de travailler dans des quartiers attractifs, accessibles, et vivants en dehors des horaires de bureau. Les complexes immobiliers embarquent aujourd’hui les usages du jour (des bureaux, des restaurants d’entreprise, des salles de réunions) et du soir, ouverts au public : cafés, espace fitness… C’est le cas du projet METAL 57 de BNP Paribas, qui, pour son nouveau siège, développe une place publique de 930 m2, des services, une salle de sport et plusieurs restaurants. « On ne se positionne pas tant en exploitant qu’en community manager, explique Ludovic Célérier, co-fondateur d’Hiptown. Que l’on opère un espace de bureau en coworking, une offre de conciergerie, un business center, un atelier vélo, de la restauration en rez-de-chaussée, tout cela nous permet de créer une offre complète pour animer un quartier ». Une offre en phase avec les demandes des pouvoirs publics, celles des usagers… et des investisseurs. « Cette activité à hauteur d’un quartier est dans notre intérêt, car notre modèle est basé sur la consommation, et c’est dans les quartiers où les gens se sentent bien qu’ils consomment, qu’ils y travaillent où qu’ils y habitent ». Hiptown a cette capacité à faire de la rétention de travailleurs, et créer une zone de chalandise autour d’un immeuble tertiaire.

METAL 57 – © Dominique Perrault

L’entreprise au cœur de la ville

Face aux défis que rencontrent les acteurs de la « fabrique de la ville », les entreprises privées vont de plus en plus concevoir et opérer une partie du territoire. C’est le cas à La Garenne-Colombes (92), où Engie est en train de bâtir un campus d’où deux parcs de deux hectares chacun vont sortir de terre, dont un à usage public.

Au 52 Champs-Élysées, si les passants s’arrêtent surtout aux Galeries Lafayette, les propriétaires des lieux ont ouvert, au-dessus des bureaux de Chanel également logés à cette adresse, le seul rooftop des « Champs » accessible au public, avec un restaurant dans un décor de carte postale.

Les crèches d’entreprises, dont les places sont réservées directement par une ou plusieurs sociétés pour les enfants de leurs employés sont parfois également ouvertes à un public plus large pour de l’accueil ponctuel aux heures les moins chargées.

Des bureaux de plus en plus ouverts

Ce nouveau modèle d’immeubles tertiaires partagés avec le public n’a rien de la science-fiction. Il est une réponse à l’augmentation des coûts du foncier. Une réponse qui fait trois gagnants : les collectivités locales (par la création de lieux de vie) les propriétaires (par la valorisation de leur actif) et les usagers (qui se voient proposer des services plus adaptés à leurs modes de vie).


Cet article fait partie d’une série de contenus publiés sur Regards Croisés, le magazine « b to b » des nouveaux usages de l’immobilier tertiaire, édité par Nexity Solutions Entreprise.


François Desgardin

François Desgardin est secrétaire général des activités tertiaires de Nexity, diplômé en « gestion financière, conduite du changement et théorie des organisations ». Il travaille sur la mise en œuvre de la plateforme de services aux entreprises. Dans ce cadre, il a participé à l’acquisition et à la création de plusieurs sociétés du groupe. François Desgardin est également le fondateur du festival STARs’UP qui a réuni 8 000 personnes en 2019 autour de la thématique de la conquête spatiale.