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L’aéroport Roland-Garros à La Réunion à l’heure de l’architecture bioclimatique

« Pour moi ce chantier est vraiment extraordinaire, il rassemble ambitions, innovations et un impact très positif sur le territoire réunionnais », affirme Guillaume Branlat, président du directoire chez Aéroport de La Réunion Roland-Garros. En effet, depuis le 8 septembre 2021 des travaux d’extension de l’aéroport ont débuté dans l’objectif de répondre à la mise aux normes environnementales. La mise en service de l’aérogare est prévue pour fin 2023.

Le projet d’extension de l’aéroport Roland-Garros à La Réunion est probablement l’un des plus gros projets de ces dernières années sur l’île. Cofinancé par l’Union européenne, ce projet permettra le développement de liaisons régionales et internationales de fret et de passagers afin d’accroître la compétitivité de l’aéroport qui s’apprête à accueillir près de 3 millions de voyageurs à horizon 2030.

Retenu à l’unanimité par le jury en 2018, le projet, conçu par les architectes d’AIA Life Designers avec l’ingénieur Jacques Gandemer et Olivier Brabant Architecte, fera de l’aéroport Roland Garros le premier aéroport bioclimatique du monde.

 

Une extension architecturale et bioclimatique

Savoir-faire local est le maître mot de ce projet. Pour la réalisation de cette extension de 13 200 m² développée sur la partie ouest de l’aéroport, l’Inset travaille à l’adaptation des usages et des réglementations métropolitaines pour améliorer les techniques constructives en climat tropical, INCOM-ATEA, bureau d’études en paysage accompagne le dessin d’une architecture qui s’intègre à la scène locale, et AD-ET a conçu tout le système de traitement de bagages : « Mettre chaque matériau à sa place, et mixer bois, métal, béton a permis de minimiser le bilan carbone. Le bois est du pin scandinave, il ne pouvait pas être prélevé sur l’île, car les forêts locales ont été très dégradées au cours des siècles et qu’il n’y a pas de bois de structure disponible », explique Thomas Humm, conducteur de travaux chez Arbonis-Vinci Construction France. Placée perpendiculairement à l’actuelle aérogare, l’extension sur trois niveaux abrite les espaces dédiés aux arrivées.

De plus, un travail de ventilation naturelle a été réalisé. Sa mise en œuvre consiste à développer des écoulements d’air de vitesses comprises entre 0,5 m/s à 1,5 m/s afin d’augmenter les échanges thermiques entre le corps humain et l’extérieur. Ce faisant, le dispositif permet de faire baisser la température ressentie d’environ 5 °C et de ramener l’organisme à sa zone de confort, entre 19 et 28 °C.

Les façades de la nouvelle aérogare sont également un élément essentiel du dispositif de ventilation naturelle. Constituées d’éléments verriers en simple vitrage à contrôle solaire sur ossature métallique, elles accueillent des ventelles sur une hauteur de 4 m. Ces lames orientables sont motorisées et régulées en fonction de la vitesse du vent et des conditions climatiques. Des protections solaires sur les façades est et ouest, réalisées par des toiles tendues, viennent compléter le dispositif bioclimatique.

Enfin, la végétation joue un rôle important dans ce programme. En effet, à la végétalisation du canyon s’ajoute celle d’une partie des espaces intérieurs et extérieurs, afin de constituer des îlots de fraîcheur : « Le choix des espèces végétales pour l’intérieur (canyon et Kokedamas) et l’extérieur du bâtiment (jardin des remparts) a été fait avec le Conservatoire de la biodiversité de La Réunion. Nous avons travaillé avec un paysagiste local et une pépinière sur le choix de variétés endémiques », détaille Mathilde Miqueu, directrice des travaux chez AIA Life Designers — architectes.

La réduction des coûts énergétiques, la mise en place d’une identité locale renforcée et le souci du confort font de ce nouvel aéroport la réponse à l’équation de l’architecture de demain, à savoir, celle qui allie défis climatiques et bien-être de l’usager.

Photos : © AIA Life Designers – photographie, Studio Lumière