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Songe et Réflexions

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Photo : © Sergio Grazia

Le maître verrier Emmanuel Barrois expose jusqu’au 15 novembre prochain Réflexions, un « échafaudage de verre et de lumière », en plein cœur du jardin du Palais-Royal, à Paris. Découverte d’une œuvre qui se veut une ode aux bâtisseurs et tant d’autres choses encore.

Six mille mètres de prismes entremêlés. Huit tonnes de verre. Quinze mètres de hauteur. Trois milles pages de calcul. Douze mille heures de travail en atelier. Une densité identique à celle de la pierre. Et le résultat : transparence, vide et lumière. Voilà comment peut se décrire Réflexions, l’œuvre monumentale imaginée par le maître verrier Emmanuel Barrois qui se dresse en plein centre du jardin du Palais-Royal, à Paris, jusqu’au 15 novembre 2023.

« Dans mon esprit il ne s’agit pas d’une sculpture, mais d’un échafaudage », précise ce dernier. Pour lui, il s’agit d’une idée ancienne. L’incendie de Notre-Dame de Paris en a été le déclencheur. « Cette architecture virtuelle se veut une ode aux bâtisseurs, une réflexion aussi sur la matière, le travail de la main et du corps », continue-t-il. Cette réalisation rencontre la pratique qu’il met en œuvre dans son quotidien et qui passe par la technologie. « Elle fait le pari de l’hybridation du meilleur de l’artisanat et du meilleur de l’industrie. Nous essayons à l’atelier d’avoir une vision très “oblique”, pour reprendre les mots de l’architecte Claude Parent. »

Une vision qu’il met en pratique dans le quotidien de son atelier à travers des collaborations avec des architectes et créateurs du monde entier. Frank Gehry (Fondation Louis Vuitton), Kengo Kuma (Frac de Marseille), Norman Foster, pour n’en citer qu’une poignée.

Ce projet a été aussi pour le maître verrier l’occasion de faire un état des lieux du « monde du verre » en matière de recyclage. Ainsi, 12 % de l’objet se compose de chutes de verre. « Une telle contrainte nous pousse à la créativité tout en nous plongeant dans un cycle vertueux », observe-t-il.

Cet « échafaudage » est probablement voué à l’itinérance. Son créateur envisage pour prochaine étape le palais Farnèse, à Rome, avec l’idée de le greffer à la façade. Mais aussi au Japon, près d’Okinawa. Son souhait est d’en faire un cube traversant posé sur un miroir pour une mise en abîme. L’avenir le dira. « Cet objet est potentiellement protéiforme », et avec la lumière nocturne, il prend une tout autre tournure. « En difractant la lumière, Réflexions fait miroiter les couleurs de l’arc-en-ciel  » et propose au spectateur un « songe d’architecture »… Rien de moins.


Article issu du Business Immo Global 199.

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